À Saint-Yorre, ça va fort et ça court vite
Par Margaux LAMY
La course à pied est un sport individuel. Pourtant, depuis 2017, l’association Saint-Yorre running en fait une expérience collective. Elle réunit des amateurs de course, du débutant peinant à contrôler sa respiration au plus aguerri. Ensemble, ils progressent, se soutiennent et se dépassent pour franchir les lignes d’arrivée.

« J’aime pas la pluie ! », s’exclame Charlotte, en posant ses mains sur ses hanches. Elle souffle cette même phrase pour la troisième fois. La séance de sport a débuté depuis trente minutes. Les vestes sont trempées, les baskets couinent et les cheveux s’essorent. Les lampadaires peinent à éclairer la rue. « Je vous avais dit qu’il fallait courir à l’intérieur », renchérit-elle.
L’association Saint-Yorre running s’entraîne trois fois par semaine. Le mercredi soir, les coureurs sont accompagnés de leur coach, Antoine Leprat. Ils s’échauffent aussi le vendredi soir et le dimanche matin. Pour ce dernier jour, les membres du club organisent des séances plus longues, généralement en forêt.
Pour la saison 2025, l’association accueille quarante-deux membres. Elle réunit des sportifs âgés de trente à soixante-dix ans, plus ou moins expérimentés. Les coureurs viennent de Cusset, de Bellerive-sur-Allier ou encore du Puy-Guillaume.
Ils sont nombreux, mais ce mercredi 12 mars, seul un tiers de l’équipe affronte la tempête. Les plus téméraires persévèrent, tandis qu’une coureuse déclare, après une heure d’entraînement : « Non, c’est bon, j’arrête ! » Martine, les lunettes couvertes de gouttes de pluie, quitte le groupe. Ce soir-là, les encouragements de ses confrères n’auront pas suffi à la retenir.
« C’est aussi l’esprit de groupe qui permet de s’améliorer »
Pourtant, depuis la création de l’association Saint-Yorre running en 2017, certains membres ont vécu des courses bien plus difficiles et pluvieuses. La dernière en date, le trail de Volvic, s’est déroulée le week-end du 1er et 2 mars 2025. Vingt-deux coureurs ont participé à cet événement sportif, dont huit sur la course des 28 kilomètres et deux sur la course des 77 kilomètres.
Élodie Kerlaouezo, adhérente du club depuis six ans, a « plutôt bien mené cette course. L’an dernier, j’avais fait la course des 22 kilomètres, cette année, j’ai décidé de faire les 28 kilomètres. Je me suis bien alimentée et hydratée. Ça s’est bien passé », assure-t-elle.
À son arrivée au club, elle ne maîtrisait que les bases de la course à pied. « Je courais, mais je ne faisais pas d’exercices supplémentaires. » Au fil des années, Élodie Kerlaouezo a appris à intégrer du renforcement musculaire à ses séances, à travailler la descente, ses appuis latéraux et même le fractionné. Cette méthode consiste à alterner des séquences de course rapides et lentes.
Cette évolution, elle la doit en partie à un ancien coach du club et à Sylvain Lachaux, un coureur qualifié. Ce dernier l’a vraiment aidé à progresser lors des longues sorties les dimanches matin. « Je pense que c’est aussi et surtout l’esprit de groupe qui permet de s’améliorer. C’est plus sympathique de courir en groupe que seule, c’est entraînant, explique-t-elle. Dans l’association, on ne considère pas qu’il y a de mauvais coureur. Il n’y a pas de critiques entre nous. Je dirais que l’on n’est pas loin d’être fusionnels », assure Élodie Kerlaouezo.
Des rendez-vous hebdomadaires importants pour les coureurs
Cet esprit d’équipe, Bertrand Fonné, le président de l’association, s’efforce de le préserver. « On ne cherche pas la performance, on veut juste passer du temps ensemble, assure-t-il. On veut que tout le monde trouve son compte, apprécie la course à pied et progresse. »
Dans cette optique, l’association organise chaque année, au mois de septembre, des courses solidaires à Saint-Yorre. Une partie de l’argent est reversé à des associations comme Ihave a dream, réalisant les rêves d’enfants atteints d’un cancer cérébral, mais aussi Les Bazars de la santé, située à Abrest. « On n’a pas beaucoup de retours sur nos organisations. Il n’y a pas de retombés spécifiques, mais on porte fièrement les couleurs de notre commune. On fait vivre les manifestations et les fêtes », se félicite Bertrand Fonné.
Quand les membres du club n’enfilent pas leurs équipements de course, ils confectionnent des gâteaux, conseillent des clients ou soignent leurs patients. Les coureurs exercent des métiers différents, mais se retrouvent pour partager leur passion. Bien que l’association n’ait pas nécessairement d’impact sur la vie communautaire, elle joue un rôle essentiel dans celle des coureurs.
Sylvain Douchement court depuis vingt ans. « La course ça me permet d’évacuer et d’oublier mes problèmes. Je ne viens pas à tous les entraînements, faute de temps, mais je m’entraîne quand même à côté, explique-t-il. Avant, je courais seul et je voulais trouver des amis pour m’accompagner. J’ai d’abord rejoint un club de course à Vichy. » Seulement, l’ambiance du groupe ne lui convenait pas. « C’était compétitif. Je n’aimais pas ça, sesouvient Sylvain Douchement. Du coup, j’ai pris une licence à Saint-Yorre, il y a trois ans, grâce au bouche-à-oreille. J’ai fait des supers rencontres et l’ambiance était bien différente », sourit-il. Le Châteldonnais a finalement trouvé chaussure à son pied.
Les avis sont unanimes : rejoindre cette association permet de se dépasser. Elle ne promet pas des mollets en béton, ni des performances hors-normes. Cependant, elle propose des moments conviviaux qui, même sous la pluie battante, font (presque) oublier les douleurs musculaires.
Margaux Lamy