Vidéoprotection ou illusion de sécurité ? Le débat agite Cusset

Par Hanaé MITTEAU

Le conseil municipal de Cusset, le 12 mars 2025, a été le théâtre d’un débat autour de la question de la vidéosurveillance dans la commune. Si la thématique de la sécurité reste prioritaire dans l’esprit de nombreux élus, l’efficacité réelle des dispositifs en place a été largement remise en question.

Une salle de réunion.
Réunion du conseil municipal de cusset- 12 mars 2025, à l’ordre du jour : projets urbains, vie associative… Crédit : Hanaé Mitteau

Les caméras de « vidéoprotection » installées dans plusieurs quartiers stratégiques de Cusset et interconnectées avec les services de police suscitent des désaccords profonds au sein du conseil municipal de la ville bourbonnaise. Le 12 mars dernier, Régis Bernard, élu d’opposition, a vivement critiqué l’intérêt de ces équipements, dénonçant leur obsolescence et leur manque d’efficacité concrète.

« Ces caméras ne protègent personne. C’est une insulte aux victimes qui attendent des preuves qui ne viennent jamais », a déclaré le conseiller municipal. Selon lui, le terme même de « vidéoprotection » serait erroné, voire trompeur : « Parlons de vidéosurveillance, mais n’employons pas un mot qui laisse croire à une sécurité que les faits ne confirment pas. »

L’élu a également pointé du doigt les aides publiques perçues dans le cadre de l’installation de ces dispositifs, jugées insuffisantes : entre 1 et 3 % de subvention, selon ses chiffres. Un taux qui le laisse perplexe quant à la rentabilité et à l’opportunité de poursuivre l’investissement dans ce domaine.

« Là où il y a des caméras, les actes de délinquance diminuent »

En réponse, les élus de la majorité ont défendu l’intérêt stratégique des caméras. Selon eux, elles sont un appui non négligeable pour les forces de l’ordre, notamment dans la lutte contre les trafics de stupéfiants. « Les points de vente sont clairement mieux surveillés grâce à ces installations, a expliqué le maire, Jean-Sébastien Laloy. Là où il y a des caméras, les actes de délinquance diminuent significativement. »

Le débat a également permis de mettre en lumière le rôle actif de la commune dans la coopération avec la police. Les caméras sont en effet directement reliées au commissariat, ce qui permet des interventions plus rapides et ciblées. « Il ne s’agit pas de surveiller pour surveiller, mais bien de protéger les habitants », a tenu à rappeler le maire de Cusset.

Vétusté de certains équipements

Reste que la vétusté de certains équipements, couplée à l’évolution rapide des technologies de surveillance, appelle à une réflexion sur leur renouvellement ou leur remplacement. Le conseil s’est accordé sur la nécessité de mener un audit complet du système actuel pour en évaluer l’efficacité réelle, ainsi qu’une étude sur les besoins futurs. Une décision sur de nouveaux investissements pourrait être prise dans les prochains mois, en fonction des conclusions de cette analyse.

En attendant, la question reste sensible : la sécurité justifie-t-elle un investissement continu dans des dispositifs parfois décriés, ou faut-il repenser entièrement le modèle de prévention et d’action en milieu urbain ? Une chose est sûre, le débat est loin d’être clos.

Hanaé Mitteau