Vivre pleinement sa retraite à Vichy : le quotidien de Robert Abate

Par Maxence BIANCHI

À 78 ans, Robert Abate a troqué la rigueur des journées d’activité professionnelle pour la douceur d’une retraite bien remplie. Installé à Vichy depuis sa jeunesse, cet ancien travailleur de la gestion des déchets industriels et du commerce a trouvé un rythme qui lui correspond, fait de petits plaisirs et de rencontres.

Robert Abate, dans le parc des sources. Parc, qu'il aimait traverser en long et en large du temps de sa jeunesse.
Depuis quelques années, Robert s’adonne à la revente de livres, c’est ce qui anime ses journées. Crédit : Maxence Bianchi

Robert Abate, 78 ans, a pris sa retraite en 2007 après une carrière bien remplie, partagée entre la gestion des déchets industriels et le commerce. Le natif de Saint-Etienne est arrivé à Vichy à l’âge de 11 ans. Après des études spécialisées dans l’enseignement commercial, pendant des décennies, il a navigué dans une mer de responsabilités : « c’était une vie assez intense, très cadrée », se souvient-il. Entre les contraintes horaires, certains trajets professionnels et la rigueur des missions qu’il devait accomplir, ses journées étaient organisées au rythme des besoins du travail et des imprévus.

Un quotidien casanier

Aujourd’hui, ce passé lui semble lointain. Installé à Vichy dans un nouvel appartement de 50 m2, il savoure le temps à sa façon : « J’ouvre la télévision pendant que je déjeune, puis j’éteins. Je m’éloigne un peu de tout ce qui se passe en ce moment. Je m’informe, certes, mais je ne veux pas trop d’ondes négatives, il y en a beaucoup dans l’actualité. » Pour lui, la retraite est plus un moment de ralentissement et de contemplation : « Je profite des choses comme elles sont, chaque jour. Les petites choses font les bonnes choses. »

De tempérament casanier, chaque matin, Robert cultive des rituels simples : « Je prends le temps de mon café, de regarder dehors ou de feuilleter le journal. » Il insiste aussi sur la valeur d’un environnement paisible – son appartement est son refuge : « Je préfère un endroit calme, où je peux lire ou réfléchir tranquillement. »

 « Cela ne me fait pas un salaire, mais je reste gagnant »

S’il aime le calme, Robert ne reste jamais inactif. Une grande partie de ses journées tourne autour des livres. Lecteur passionné d’histoire, de philosophie et de réflexion politique, il s’intéresse aussi aux écrits satiriques. « Tout ce qui fait réfléchir, mais aussi sourire, ça m’attire », commente-t-il.

Chez lui, une pièce entière est consacrée à sa collection. Des piles de volumes soigneusement classés, prêts à être vendus en ligne sur Vinted ou Le Bon Coin. « C’est moi qui gère, donc ça me crée une petite occupation, c’est bien. » Mais au-delà du passe-temps, il y trouve une vraie satisfaction : « Avec un ami, on récupère des livres anciens gratuitement et on les revend par la suite. Ça ne me fait pas un salaire, mais je reste gagnant. »

Et quand il ne s’occupe pas de ses ouvrages, Robert aime sortir marcher un peu dans Vichy : « Parfois, je vais juste prendre l’air, regarder autour de moi, rencontrer des gens. J’aime beaucoup rencontrer des gens. » Ces moments de flânerie nourrissent sa curiosité et son goût pour l’observation du monde.

« C’est bien de se sentir encore concerné »

Actif et engagé, Robert consacre aussi du temps à l’association Vivre la laïcité, dont il est membre. Il y participe à des discussions, des conférences et des actions de sensibilisation. « C’est un travail de longue haleine, qui demande un vrai engagement », assure-t-il. Pour lui, cette activité est un prolongement naturel de sa vie citoyenne : « C’est bien de se sentir encore concerné par ce qui se passe autour de nous. »

Bien qu’il ait pris un peu de recul cette année avec l’association, cette implication lui permet de garder un lien fort avec la société, de débattre, d’échanger et de transmettre. « On a le temps maintenant, alors autant le mettre à profit », dit-il simplement.

En dehors de ses engagements, Robert fréquente aussi le café Le Brazilia, sur la place Charles-de-Gaulle. Là, il retrouve des connaissances, va acheter son journal, et refait le monde autour d’un café. « S’il y a un endroit où l’on peut me trouver le matin ou en début d’après-midi c’est bien là. C’est la rencontre des gens, échanger des anecdotes, c’est ce qui me plaît. »

Une retraite tranquille

Sa famille, enfin, demeure aussi un point d’ancrage. Robert prend soin de son frère aîné, touché par un AVC et dont les mobilités sont réduites. « Je m’occupe de lui parce c’est mon frère, je lui fais ses courses, je l’aide quand il en a besoin, indique-t-il. On se voit, on en profite pour discuter, c’est bien de garder ces relations. » Ces liens, qui nourrissent sa vie sociale mais aussi affective, apportent équilibre et chaleur à son quotidien.

Pour l’avenir, Robert se projette dans des projets simples mais porteurs de sens : « J’aimerais bien avoir l’accompagnement d’un animal, un chat ou un chien, pour avoir un peu de compagnie, donner son affection. » Ces petites aspirations illustrent sa philosophie ; savourer chaque moment, profiter et construire une retraite à son rythme, fidèle à ses goûts et à ses valeurs.

Maxence Bianchi