Franck Martin : « Vichy m’inspire la paix »

Par Clémence RAOULT

Originaire de Haute-Marne, l’artiste peintre Franck Martin a installé son chevalet pendant quatre jours face à la source des Célestins. Inspiré par les parcs, l’architecture et la sérénité de la ville, il y a créé plusieurs tableaux où Vichy devient le point de départ d’un monde imaginaire.

Sur cette photo, on voit le peintre Franck Martin, cigarette à la bouche, pinceau à la main. Devant lui, se tient son chevalet. À droite de l’image, on voit quelques une de ses œuvres, peintes dans des nuances de bleu, posées sur/contre le banc. Il y en a deux autres derrière lui. À gauche de l’image, sa petite table sur roulette lui servant à exposer ses autres œuvres. Franck Martin se trouve dans le cadre verdoyant du Parc des Sources.
Fidèle à son style nomade, Franck Martin, pinceau à la main et cigarette aux lèvres, donne vie à ses toiles, sous l’œil des passants. Crédit : Clémence Raoult

« La première chose que j’ai ressentie en peignant ici, à Vichy, c’est de la paix ». Dans le parc des Célestins, une cigarette à la bouche, Franck Martin trace les premières nuances d’un ciel bleu sur sa toile. Son chevalet est solidement planté face à l’édifice, sa petite table sur roulette, elle, est encombrée de tubes de peinture et de pinceaux. D’une main, il tient sa palette de couleurs, de l’autre, le pinceau glisse avec précision. Ses gestes sont sûrs et calmes, presque méditatifs. Des passants ralentissent, s’arrêtent, l’observent. Certains l’interpellent. Entre deux coups de pinceau, l’artiste confie : « Peindre devant la source des Célestins me procure un sentiment de sérénité. Pour moi, ce lieu est un point de vie. Les gens viennent s’y retrouver, comme dans les villages d’autrefois. »

Quand Vichy nourrit l’art

Originaire de Haute-Marne, Franck Martin a découvert Vichy bien avant d’être peintre, lors de haltes sur la route des Pyrénées. « J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette ville, ses parcs, son thermalisme », se souvient-il. C’est en consultant la météo qu’il a décidé, sur un coup de tête, de revenir y peindre. « J’ai vu qu’il y ferait super beau pendant les quelques jours que je m’étais donnés, alors je me suis dit : ‘’Fonce !’’ C’est d’ailleurs comme ça que je choisis tous les endroits où je vais peindre ! »

Derrière sa cigarette, l’artiste de 56 ans sourit légèrement et ajoute : « J’aime l’ambiance de Vichy, les gens prennent le temps, et on sent qu’ils aiment leur ville. » Séduit par les parcs verdoyants, l’architecture élégante et l’atmosphère calme de la Reine des villes d’eau, il explique : « Tout cela nourrit mon inspiration. Ici tout semble ralentir. Je sens que mon rythme change, que je prends plus facilement mon temps. Je laisse les idées venir et je construis mes tableaux sans me presser. »

Entre réel et imaginaire

Pendant ses quatre jours à Vichy, Franck Martin a peint trois toiles : la source des Célestins, l’opéra et l’arche de pierres percées. Chaque fois, les monuments deviennent le centre d’un décor imaginaire. « Quand je suis arrivé, j’ai continué un tableau commencé devant la cathédrale de Reims, que je n’avais pas pu finir… Je l’ai transformé avec la source des Célestins. Toute la brume du paysage est aspirée par la source et ressort comme une petite fumée », raconte-t-il. Sur un autre, il place l’opéra dans un univers inventé. Enfin, l’arche de pierres percées lui inspire une scène bucolique : « L’arche me servait de tremplin. J’ai ajouté des roches, un ruisseau… J’essaye toujours de mettre de la profondeur et de raconter une histoire avec mes tableaux. »

Pour donner vie à ses paysages, Franck Martin travaille surtout à l’acrylique. « C’est génial, ça sèche vite et ça permet de remballer ses tableaux ou de les vendre rapidement », explique-t-il. Certains l’associent au surréalisme, « et même parfois à Salvador Dalí », dit-il avec amusement. « C’est un peintre que j’adore, pour sa technique et son utilisation des symboles. Mais je mélange aussi avec l’impressionnisme. »

Franck Martin tient dans ses mains le tableau qu’il a réalisé représentant l’Opéra de Vichy dans un monde imaginaire. Il se trouve toujours dans un cadre verdoyant.
Franck Martin posant fièrement avec sa réalisation de l’Opéra de Vichy. Crédit : Clémence Raoult

Avant de se plonger dans une toile, il a une petite manie qu’il reconnaît avec humour : « J’ai un mauvais rituel, c’est de fumer une cigarette. Il y a celle avant de commencer, et celle de satisfaction une fois la signature posée. C’est ma façon de marquer le moment. »

Une vie guidée par la peinture

La peinture a toujours accompagné Franck Martin. Adolescent, il savait déjà qu’il voulait en faire son métier. Mais il a d’abord multiplié les expériences : bâtiment, éclusier, agent territorial, encadrant en réinsertion. « J’ai eu des cycles d’environ sept ans. À chaque fois je finissais par arrêter. Mais la peinture, elle, ne m’a jamais quitté », dit-il.

Le tournant arrive avec le Covid, il y a cinq ans. « J’ai décidé de changer de vie et de vivre de mon art. La peinture m’a sauvé. À vingt ans déjà, j’avais peint une fresque de 120 m dans un gymnase, ça m’avait remis sur les rails. Pendant le Covid, j’ai retrouvé ce souffle-là. » Aujourd’hui, il vit plus simplement, mais heureux : « Quand on arrive à vivre de sa passion, on n’a plus l’impression de travailler ».

La nature, la montagne, la guitare flamenco ou encore la spiritualité nourrissent son univers. « Quand il n’y a plus les mots pour le dire, il y a l’art pour le décrire », résume-t-il.

Vichy, une inspiration inachevée

Ces quatre jours passés au bord de l’Allier ont tissé un lien particulier entre le peintre et la ville. « Vichy, je veux y revenir. Je sais que j’ai encore beaucoup de choses à découvrir, beaucoup de sujets à peindre », assure-t-il. Les reflets de l’eau, les kiosques du parc des Sources ou encore les petites rues aux architectures variées alimenteront ses futures toiles.

Si une exposition sur Vichy lui est proposée, il se dit prêt à la tenter. Mais avant tout, Franck Martin veut continuer d’avancer à son rythme, poussé par la passion : « Mon rêve est simple : juste continuer à vivre de mon art, partager mon univers. Je ne demande pas à faire fortune. La vraie richesse, elle est déjà là, dans la peinture. »

Clémence Raoult