Aid’ et Nous : recycler pour rapprocher

Par Margaux FERRER

À Vichy, l’association Aid’ et Nous a rouvert ses portes le 2 septembre. Elle collecte meubles, vêtements et objets du quotidien pour leur donner une seconde vie. Entre réemploi, solidarité et convivialité, elle illustre depuis 2018 une écologie de proximité où rien ne se perd.

Les deux bénévoles sont venues aider Véronique Charote à ranger les nouveaux arrivages.
Véronique Charote, présidente de l’association (derrière à gauche) ; Chantale, bénévole habituée (à droite) ; et une autre bénévole est venue aujourd’hui. Crédit : Margaux Ferrer

Dans la petite salle de l’association, les visiteurs se faufilent entre des piles de draps, des rayons de livres, des portants d’habits, sans oublier les vinyles et les vases. L’air sent le mélange de poussière et de tissus propres, les conversations se mêlent, la bonne humeur se fait ressentir. Ici, rien n’a de prix fixe. « Les gens repartent avec des lots, tant que ça leur fait plaisir », explique Véronique Charote, présidente d’Aid’ et Nous. L’association, créée en 2018, est née d’un constat clair : « Beaucoup de retraités vivent avec de petites pensions. J’ai vu aussi beaucoup de solitude, des gens qui n’avaient plus les moyens de s’acheter ce dont ils avaient besoin. Alors j’ai voulu ouvrir un lieu où les objets circulent à nouveau, sans gaspillage. »

Aider plutôt que jeter

Les sources d’approvisionnement sont multiples. Des particuliers déposent leurs affaires, des notaires font appel à Véronique lors de successions. « On nous donne les clés des maisons, on trie, on range, et on remet en circulation ce qui peut encore servir », relate la présidente. Tout ce qui est collecté échappe ainsi aux déchetteries et aux poubelles. « C’est ma façon de participer à l’écologie. On récupère, on retrie et on redonne une vie. Chaque objet sauvé, c’est un petit geste pour la planète. »

Chantale, une bénévole habituée, vient aider pour ranger les nouveaux arrivages. « Véronique, on les met où ces nouveaux draps ? À combien tu fais ce lot de disques pour le monsieur ? » Dans la boutique, tout le monde discute. Les rires résonnent.

« Certains viennent juste pour parler »

Mais Aid’ et Nous ne se résume pas à la seule récupération d’objets. L’association est aussi devenue un refuge social. « Les gens ne viennent pas seulement pour acheter. Certains viennent juste pour parler », souligne Véronique. Elle se souvient d’un homme veuf venu pour la première fois : « Il m’a dit qu’il n’avait pas parlé à quelqu’un depuis six mois. Alors je lui ai répondu : venez, même si vous n’achetez rien. Depuis, il passe chaque semaine. »

Les allées de l’association bourdonnent de conversations. Chacun prend le temps de discuter, de donner un coup de main ou de partager un souvenir. « Quand je rentre le soir, je me dis que j’ai passé la plus belle de mes journées. Ce n’est pas qu’une question d’objets, c’est la chaleur humaine », confie la présidente. Même les petites habitudes nourrissent ce lien, comme une habituée, qui achète et qui descend régulièrement des sacs dans sa cave et appelle Véronique pour les vider quand ils sont pleins. « Je lui dis d’arrêter, mais elle insiste. Alors je fais avec. »

Une écologie solidaire

Si le geste est écologique, il est aussi généreux. « Ici, on ne gagne rien. En fin d’année, je rends ce qu’il reste sous forme de cartes cadeaux Leclerc. Et j’organise de grands repas. L’an dernier, j’en ai fait treize », raconte Véronique, souriante.

Pour la présidente, la solidarité et l’écologie sont indissociables. « Ce qu’on reçoit, on le rend », résume-t-elle. Chaque objet réemployé évite de finir à la benne, et chaque euro collecté contribue à renforcer le tissu social. Une économie circulaire à petite échelle, fragile face aux charges et aux contraintes, mais précieuse pour les habitants de Vichy. « Si je reste chez moi, je dépéris,dit Véronique.Ici, je me sens utile. »

Aid’ et Nous, portée par trois bénévoles, continue ainsi de faire vivre une idée simple mais puissante : recycler pour relier. « On pense souvent que l’écologie, c’est une affaire de grands projets, d’éoliennes ou de panneaux solaires,commente la présidente. Mais l’écologie, c’est aussi ça : éviter le gaspillage, donner une seconde chance aux objets, et en même temps donner un sourire aux gens. » Un modèle modeste, à taille humaine, qui prouve qu’à Vichy, l’écologie solidaire a trouvé sa place dans une petite salle remplie d’objets et de vie.

Margaux Ferrer