À Clermont-Ferrand, développer les énergies renouvelables, un défi commun

Par Pierrick MOUEZA

Repenser la production de l’énergie dans les grands espaces urbains en France. Tel est l’objectif de la loi de 2023 relative à l’accélération de la production des énergies renouvelables (APER). Dans ce cadre, la ville et la métropole de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) cherchent à identifier les zones propices à la production d’énergies renouvelables.

Vue de la rue Saint-Hérem à Clermont-Ferrand avec les voitures et les passants en contrebas.
Les Clermontois n’ont pas participé à la concertation publique. Rue Saint-Hérem, Clermont-Ferrand, le 6 octobre 2025. Crédit : Pierrick Mouëza

Dans le cadre d’une loi nationale visant à accélérer le développement des énergies renouvelables, la métropole clermontoise a lancé une concertation publique du 5 au 30 septembre 2025. Objectif ? Inviter tout un chacun à participer au processus de sélection des zones où produire ces énergies vertes, ou ZAER dans le jargon administratif. « Ce dispositif de concertation, c’est l’occasion de créer du débat », résume Anne-Laure Stanislas, adjointe à la mairie de Clermont-Ferrand et en charge des énergies renouvelables pour Clermont Auvergne Métropole.

Multiplier la production d’énergies vertes

« L’objectif des ZAER est d’identifier des secteurs au sein desquels la commune se déclare favorable à l’installation hypothétique de tel ou tel projet de production d’énergie renouvelable », peut-on lire sur le site de la ville de Clermont-Ferrand. Mais se conformer aux objectifs nationaux ne se fait pas du jour au lendemain. La sélection finale des ZAER à Clermont-Ferrand sera établie suite à plusieurs étapes.

D’abord, un bureau d’étude doit cartographier les zones qui peuvent potentiellement accueillir une infrastructure de production d’énergie. Ensuite, chacune des 21 communes de la métropole clermontoise propose les zones à privilégier. Vient ensuite ce temps de concertation utile pour laisser « les riverains et les usagers décider », explique l’élue. « Pour la ville de Clermont, il y a eu un webinaire qui a permis à des associations de contribuer pour éveiller l’acuité des élus », poursuit-elle. Même si son association n’a pas participé à cette concertation, l’idée est bien accueillie par Hubert Constancias, vice-président de la branche puydômoise de France nature environnement (FNE 63) : « On est favorables au modèle de la consultation publique, c’est important. »

« Au nom des énergies renouvelables, on ne peut pas faire n’importe quoi », Hubert Constancias, vice-président de la branche puydômoise de France nature environnement (FNE 63)

Plusieurs énergies peuvent être développées dans la métropole, d’après les données du bureau d’étude chargé de vérifier la faisabilité de chaque projet. Pour l’énergie solaire, des panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur des toits d’immeubles, au sol ou au-dessus de parkings. D’autres sources d’énergies renouvelables sont envisagées dans le cas de Clermont Auvergne Métropole : bois, réseau de chaleur, géothermie, méthanisation. Autant de moyens de se passer des énergies à fort impact carbone.

L’autre avantage des énergies renouvelables produites localement, c’est qu’elles « permettent d’être acteurs de notre indépendance énergétique », estime Anne-Laure Stanislas. D’un autre côté, la concertation publique permet d’éviter les tensions à propos de la présence des infrastructures de production d’énergie sur tel ou tel territoire. Pour le vice-président de FNE 63, inclure des associations dans les concertations est important car « au nom des énergies renouvelables, on ne peut pas faire n’importe quoi ».

Les limites du développement des ZAER

À Clermont-Ferrand, les résultats de la concertation sont mitigés. « Je m’attendais à ce qu’il y ait plus de projets privés », explique Anne-Laure Stanislas, quelques jours après la fin de la consultation. Ce faible engagement est dû « au flou de la loi APER et des ZAER » et au fait que « tant qu’il n’y a pas de projet, ça ne mobilise pas », lance l’élue. Même constat concernant les habitants de la métropole. « On a eu la contribution d’une personne mais le côté grand public est difficile à avoir », regrette Anne-Laure Stanislas.

Michel Georges, en charge des énergies renouvelables pour FNE 63, rappelle que l’association s’oppose aux « parcs photovoltaïques, méthaniseurs et éoliennes en pleine nature » et recommande plutôt les « panneaux photovoltaïques sur les toits des habitations des particuliers et des bâtiments ». Mais « le photovoltaïque en toiture ne peut pas être mis partout », nuance Anne-Laure Stanislas. L’élue invoque deux raisons. D’abord, « tous les toits ne sont pas orientés comme il faut », souligne-t-elle, et puis certains bâtiments ne peuvent supporter le poids de panneaux photovoltaïques.

Les prochains mois seront déterminants pour la localisation des ZAER. « En novembre, la ville de Clermont va délibérer et l’adjoint en charge de l’énergie va présenter les zonages pour la commune. Puis en décembre, ce sera pour toute la métropole », annonce Anne-Laure Stanislas.

Pierrick Mouëza