Quelles conséquences pour Vichy si les cures thermales venaient à être moins remboursées ?
Le projet de financement de la Sécurité sociale 2026 envisage une réduction du remboursement des cures thermales. Une telle perspective pourrait conduire Vichy et ses établissements thermaux repenser leur modèle économique.

Pour combler la dette de l’État français, plusieurs solutions ont été envisagées. Parmi elles : l’arrêt du remboursement en totalité de certaines cures thermales. Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2026, le remboursement des cures à long terme est pointé comme une dépense excessive.
Au bord des bains, l’hypothèse d’une diminution de la prise en charge inquiète les curistes, naturellement, pour une raison économique. « Si les cures venaient à ne plus être remboursées en totalité, je pense que j’y renoncerais, déplore ainsi Sylvie, 72 ans. Sans aide, cela représenterait 1600 € au total pour mon mari et moi, sans le logement ! »
Dominique estime lui aussi que le remboursement des cures thermales n’est pas une dépense excessive de l’État. « Je vais dans le service de rhumatologie, on se sent vraiment mieux après. Pourquoi ne plus les rembourser ? C’est dommage, il y a un vrai bénéfice pour la santé », assure le patient de 70 ans. Jean-Pierre s’inquiète, lui, pour le commerce lié aux cures : « C’est tout le secteur qui en pâtira ! Les hôtels et les restaurants vont aussi en payer les conséquences. »
Qu’en est-il vraiment ?
Pas d’inquiétude excessive : d’après le projet de loi, les cures thermales resteront remboursées, mais une évolution est envisagée à partir de février 2026 pour certains curistes. Les personnes reconnues en affection de longue durée (ALD), couverts à 100 %, pourraient voir diminuer leur prise en charge à un taux de 65 %. Ce qui représente plus d’un tiers du coût d’une cure, et équivaut en moyenne à 300 € pour les Français concernés.
À Vichy, les discussions se poursuivent entre les pouvoirs publics et les acteurs du thermalisme. La structure qui regroupe les différents thermes à Vichy, Vy Resort (ex-Compagnie de Vichy), le souligne : « Les établissements thermaux se mobilisent pour garantir la pérennité du dispositif, particulièrement pour les curistes les plus fragiles. »
Difficile d’envisager l’envergure des impacts si le décret voyait le jour : « La finalité du projet est encore assez incertaine, au regard de la situation politique. Ce qui est sûr, c’est qu’une telle décision fragiliserait la fréquentation », commente, méfiant, un représentant de la structure.
Un coup sur la santé… et l’économie locale
De nombreuses études scientifiques, notamment celles menées par l’Association française pour la recherche thermale, ont prouvé l’efficacité du thermalisme. Les cures sont reconnues dans la prise en charge des maladies chroniques : elles améliorent la santé et réduisent la consommation de médicaments. « En plus, ajoute Vy Resort, le thermalisme représente moins de 1 % des dépenses de la sécurité sociale. Et le coût réel est largement compensé par les économies indirectes, parce que les cures permettent de réduire la consommation de médicaments ou d’autres soins ! »
Avec 8200 curistes ayant réservé en 2025 à Vichy, selon les statistiques du site spécialisé Location-cure, dont une très large proportion de cures conventionnées, le risque d’une baisse de fréquentation n’est pas à exclure. Mais la commune assure que le thermalisme n’est pas près de s’éteindre : « Le programme Vichy Accélération 2030 vise à sublimer l’expérience de chaque curiste, promet la mairie, pour se tourner davantage vers l’avenir. » Un vaste plan de transformation et de modernisation des bâtiments a ainsi été engagé, d’un coût estimé à 50 millions d’euros. Un nouveau pôle de prévention santé vient d’ailleurs d’ouvrir à destination des curistes, mais aussi des habitants de Vichy, sans doute pour préparer une baisse de rendement potentielle avec une nouvelle clientèle.
À côté de leurs bienfaits pour la santé, l’enjeu de ces séjours est aussi leur apport économique aux grandes chaînes thermales et aux municipalités hôtes. À Vichy, le thermalisme générait en 2023 quelque 170 emplois directs, selon les statistiques de France Thermes. Les curistes font aussi vivre de nombreux emplois indirects : les hôtels, les restaurants, le casino, les commerces. Toute une filière de l’économie vichyssoise qui serait affectée par le projet de budget.
Hugo Desmoulières