Quel bilan pour Vichy depuis son inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ?

Par Tylian AURIOL

À l’occasion de la 22e édition des rencontres de l’Association des biens français du patrimoine mondial, Vichy accueille sur ses terres élus, représentants de l’État et experts afin d’échanger sur des thématiques communes partagées par l’ensemble des sites nationaux inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Pour Vichy, quels sont les enjeux réels de son entrée dans cette liste, il y a quatre ans ?

L'image montre le parc des Sources et son allée principale. Nous voyons le palais des Congrès en arrière plan.
Le parc des sources de Vichy, véritable lieu patrimonial et emblématique. Crédit : Tylian Auriol

24 juillet 2021. Voici une date charnière de l’histoire récente de Vichy. La reine des villes d’eaux rejoignait ce jour-là dix autres cités thermales du Vieux continent pour former un bien unique et transnational nommé « les grandes Villes d’eaux d’Europe », inscrit collectivement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Depuis, de nombreuses choses ont évolué dans l’Allier et les enjeux se sont diversifiés, mêlant tourisme, rénovations et contraintes budgétaires mais aussi écologiques. Autant de défis pour une ville de 26 000 habitants.

Plus de tourisme, plus de préoccupations

Quatre ans après l’entrée de Vichy dans ce club très restreint, la première retombée constatée pour la cité bourbonnaise est la nette augmentation son attrait touristique, avec une hausse de 35 à 40 % du nombre de touristes, principalement étrangers, par rapport à 2021. Interrogé par l’Effervescent, Yves-Jean Bignon, second adjoint et délégué au thermalisme, au patrimoine, à l’Unesco, à la mémoire et aux relations Internationales à la mairie de Vichy, reste toutefois mesuré quant à l’ampleur de ce regain d’attractivité. « Il ne faut pas omettre que ce tourisme culturel reste difficile à quantifier, car 2021 est l’année post-Covid et tout ce que (la pandémie) a entraîné pour le quotidien des gens », explique-t-il. Si l’impact du label Unesco est difficile à établir aujourd’hui, la renommée du thermalisme vichyssois a, elle, joué un rôle indéniable dans l’afflux des visiteurs. « Ici, c’est environ 50 % de nouveaux curistes contre une moyenne nationale de 20 % », souligne l’adjoint.

Mais cette progression du tourisme implique de nouvelles préoccupations majeures. « Aujourd’hui, nous avons mis en place une politique de préservation de notre site grâce au (classement en) Secteur patrimonial remarquable, qui nous permet d’entretenir un bon équilibre entre flux touristique et conservation du site, indique l’élu, interrogé en marge de la tenue à Vichy des rencontres de l’Association des biens français du patrimoine mondial, réunissant des représentants des différents sites français inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. De plus, nos capacités d’accueil ne sont pas saturées mais il est vrai que nous travaillons activement pour avoir plus de logements lors des grosses périodes et un stationnement plus simple pour les autobus. »

Des rénovations conséquentes

Pour coller à ce désir de préservation du site patrimonial, la mairie de Vichy a dû s’atteler à de nombreux travaux et projets depuis 2021. Certains, toujours en cours, sont coûteux. Le meilleur exemple est la rénovation du parc des Sources, estimée à 26 millions d’euros et financée essentiellement par de l’argent public, mais aussi grâce à quelques mécènes. « Le projet a pour but de redorer le domaine thermal. D’un point de vue budgétaire, c’est un effort conséquent pour une ville de 26 000 habitants. C’est aussi pour ça qu’on ne peut pas faire tout et n’importe quoi non plus », indique Yves-Jean Bignon. Dans le même temps, certaines rénovations ne sont pas du goût des habitants. « Ça n’avance pas », « ça fait sale », peut-on entendre dans les rues de la ville. Il est vrai que les travaux patrimoniaux sont entremêlés avec les rénovations de voirie, augmentant le sentiment d’inachevé.

Dans une volonté d’accélération des projets patrimoniaux, la ville a acté, en collaboration avec des groupes privés, la mise en œuvre des travaux du casino en même temps que ceux du parc des Sources. Pour autant, l’équipe municipale ne compte pas s’arrêter là : « Si nous sommes réélus, nous avons d’autres projets comme un musée d’histoire de la ville », indique Yves-Jean Bignon.

De nouveaux enjeux écologiques

Par ailleurs, impossible de nos jours de penser la préservation du patrimoine sans inclure la dimension écologique. « L’enjeu majeur est la préservation de l’environnement et la protection de l’intégrité et de l’authenticité du bien », souligne Yves-Jean Bignon. Certaines contraintes et problématiques liées au changement climatique s’observent déjà, notamment sur les eaux thermales. « En Espagne, par exemple, certaines expertises ont montré une altération quantitative et qualitative des eaux thermales liées aux variations climatiques, explique l’adjoint. C’est forcément une problématique à laquelle on fait attention afin d’évaluer les risques et de les anticiper. »

« Les regards se tournent »

Dans une certaine mesure, l’inscription à la liste de l’Unesco a aussi apporté une certaine visibilité à l’activité économique de Vichy. S’il est un peu tôt pour évaluer quantitativement cet impact, il y a fort à parier que de nombreux investisseurs, y compris internationaux, s’intéressent désormais de près à la sous-préfecture de l’Allier. « On voit bien qu’il y a des regards qui se tournent et c’est tout à fait flatteur, se réjouit le second adjoint du maire. Nous avons ainsi eu des discussions avec l’Asie autour d’un projet thermal. Sans doute que nous n’aurions pas eu cette opportunité sans la mention Unesco. »

Tylian Auriol