À Vichy, un collectif se mobilise pour la cause palestinienne

Par Selim BEN ABDALLAH

Le jeune collectif Nous sommes tous des enfants de Gaza a appelé à manifester en plein cœur de la cité thermale samedi 27 septembre. L’occasion de faire connaissance avec ses militants et d’écouter leurs revendications, au moment où la France vient de reconnaître l’État palestinien.

Des drapeaux palestiniens et des pancartes de soutien à la Palestine flottent au-dessus du cortège de manifestants qui se dirige vers la mairie.
La déambulation du cortège s’achève devant la mairie de Vichy. Crédit : Maelys Denaro

« Gaza, Gaza, Vichy est avec toi ! » En ce samedi matin de septembre, les rues vichyssoises, d’ordinaire si paisibles, vibrent au son des manifestants qui scandent ces paroles. Leur déambulation vaut quelques haussements de sourcils chez les passants. Une manifestation pour la Palestine, à Vichy ? La ville qu’on connaît calme et conservatrice serait-elle enfin devenue engagée et activiste ?

Pas de conclusions hâtives. D’abord, le combat pour la cause palestinienne que mènent une partie des citoyens de l’agglomération vichyssoise ne date pas d’hier. Des rassemblements similaires ont vu le jour dès le mois de juin 2025. Ils étaient organisés par la France insoumise (LFI), et c’est ce même parti qui a insufflé le vent de mobilisation conduisant à la création, début août, d’un collectif baptisé « Nous sommes tous des enfants de Gaza – Vichy ».

Ce dernier se veut néanmoins apolitique, son objectif étant de dépasser les clivages pour rallier plus de personnes à la cause. « Le collectif a pour but d’être trans-partisan, de réunir toutes personnes du tissu social, politique, syndical ou religieux autour d’un seul objectif, qui est la protection des populations palestiniennes », explique Pascal Pugiol, membre du groupe d’action locale de La France Insoumise.

Des motivations avant tout humaines

Mais les revendications du collectif vichyssois ne s’arrêtent pas là. Les militants se battent pour la levée du blocus humanitaire et sanitaire mis en place par Israël, l’arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie comme de la vente de matériel militaire de l’Europe à l’État hébreu et, surtout, un cessez-le-feu immédiat et sans conditions dans la bande de Gaza.

 Au sein du collectif, c’est avant tout un profond sentiment d’empathie qui unit les membres. « Je me suis dit que c’était impossible d’être témoin de tout ce que vivent les Palestiniens sans rien faire, avoue Mathilde, 19 ans, porte-parole attitrée du collectif. Surtout qu’à l’heure des réseaux sociaux, on ne peut pas dire qu’on ne voit pas le génocide qui est en cours. » Un raisonnement basé sur des valeurs humanitaires simples, que partage pleinement Hossein Bonaud, l’un des membres fondateurs du collectif : « Pour moi c’est un message très basique, il suffit d’avoir des neurones et un cœur pour être d’accord. »

Certains ont peur, d’autres s’engagent avec ferveur

Pourtant, sur les 25 000 habitants que compte la ville de Vichy, seule une cinquantaine de personnes environ était présente pour manifester devant la mairie, le 27 septembre. Selon Hossein, ce chiffre est loin d’être représentatif de la réalité : « On a une écrasante majorité silencieuse qui est en notre faveur, mais qui est traumatisée par la diabolisation de la cause, souvent associée à du terrorisme ou de l’antisémitisme, explique-t-il. C’est pour ça qu’on a des personnes qui manifestent à nos côtés, mais qui refusent de s’exposer sur les photos pour protéger leur vie professionnelle et personnelle. »

Le collectif peut compter sur du sang neuf, allant des adolescents aux jeunes adultes, qui mettent à bon usage leurs compétences lors des rassemblements, organisés un samedi sur deux. C’est le cas de Maëlys, 26 ans, qui a dégainé l’appareil photo pour sa deuxième manifestation. « J’ai l’impression que notre génération a besoin d’action, on n’a pas envie de rester inactifs face à tout ce qui passe dans le monde, affirme la jeune femme, et ça fait du bien de savoir qu’à Vichy on peut se mobiliser chacun à son échelle. C’est important. »

Sur la question palestinienne, la politique de la France dérange

Comme pour chaque manifestation, après la marche, viennent les discours. Et pour celle-ci, un sujet brûlant est évidemment à l’ordre du jour : la reconnaissance de la Palestine par la France. En effet, une semaine plus tôt, Emmanuel Macron déclarait à la tribune des Nations Unies qu’il reconnaissait l’État de Palestine. Une première brique posée dans ce processus de paix, mais que tous les membres du collectif interrogés voient d’un œil critique, estimant qu’elle arrive beaucoup trop tard : « Une reconnaissance c’est bien, mais ce n’est pas suffisant, s’indigne Sofiene, l’un des militants du collectif. Derrière, il faut des actions. » Une décision de façade, donc, qui ne semble pas convaincre les Français s’engageant pour la défense du peuple palestinien.

Afin de rallier encore plus de personnes à la cause, Nous sommes tous des enfants de Gaza tiendra sa prochaine manifestation le samedi 14 octobre à Cusset, et prévoit une projection du documentaire Put Your Soul on Your Hand and Walk, de Sepideh Farsi, le 14 octobre à 20 heures, au cinéma de Vichy.

Selim Ben Abdallah