Maxime Gayet, jeune Bellerivois en route vers les Jeux paralympiques
Par Virgile REVELLE
Maxime Gayet est un jeune paratriathlète. Atteint d’une déficience visuelle, il s’est installé à Bellerive-sur-Allier depuis 2023 pour avoir un meilleur confort de vie dans le cadre de sa préparation pour les Jeux olympiques de Los Angeles, en 2028.

Italie, Espagne, Portugal, Pays de Galles, Norvège… Autant de pays dans lesquels Maxime Gayet s’est rendu dans le cadre du sport. C’est pourtant à Bellerive-Sur-Allier que le jeune Polynésien s’est installé en octobre 2023 pour se consacrer pleinement à sa préparation aux Jeux olympiques. Son objectif est ambitieux : à seulement 23 ans, il souhaite remporter une médaille aux Jeux de Los Angeles, en 2028. Pour mener à bien cet objectif, il peut compter sur le calme et les infrastructures sportives de Bellerive-sur-Allier.
Sa révélation, Maxime Gayet l’a eue en 2018, quand un professeur d’histoire géographie, pratiquant de triathlon, le motive à faire plus de sports. « Il avait des phalanges en moins, c’est déjà un handicap considérable en natation », relate le Polynésien d’origine. Les deux sportifs commencent alors à s’entraîner ensemble. En découvrant des para-athlètes à la télévision, Maxime se décide : ce sera lui le prochain. « J’ai vu des malvoyants faire les JO et je me suis dit : pourquoi pas moi », explique-t-il.
Cette détermination, il l’a forgée dans l’adversité de son handicap, et elle ne fera que s’affirmer au fil du temps. Son histoire commence alors qu’il n’a que sept ans, lors d’une visite à Londres, où ses parents l’ont emmené consulter un spécialiste. À l’issue de nombreux tests, le verdict tombe : le jeune Maxime est atteint de rétinite pigmentaire congénitale. Cela signifie que l’enfant est condamné à assister à la dégradation progressive de sa vision avec le temps. De ce handicap, le sportif parviendra pourtant à faire une force. « Depuis le début de ma scolarité, je voulais faire mieux que tout le monde, se souvient-il aujourd’hui. Pendant que moi je bossais, les copains allaient surfer ou skater. » Malgré sa déficience, l’élève continue de suivre tous ses cours de manière adaptée – il passe notamment à l’oral toutes ses épreuves de baccalauréat à Tahiti. Au cours de ses seize années sur la presqu’île de Taravao, il passe huit ans à vivre dans un lieu peu commun, un voilier ancré au sein de la baie Phaëton.
Entre Paris et Bellerive-Sur-Allier : « C’est le jour et la nuit »
Après une année de césure post-bac, pendant laquelle il se consacre à l’athlétisme -son domaine de prédilection est alors le sprint-, le Polynésien décide de reprendre ses études, tout en maintenant une pratique sportive intensive. En décembre 2021, il est rapidement sélectionné en équipe de France réserve de triathlon. À cette époque, il étudie la kinésithérapie au centre de formation et de rééducation professionnelle Valentin Haüy, à Paris. Problème, entre les cours et de longs entraînements, il n’arrive plus à suivre le rythme. « Je n’étais plus à 100 % au niveau des cours et je ne passais pas le temps souhaité à l’entraînement », indique le Bellerivois.
Un choix s’impose alors : étudier ou devenir sportif professionnel. Maxime Gayet se lance finalement dans le triathlon et débarque en octobre 2023 à Bellerive-Sur-Allier. Et là, « c’est le jour et la nuit, dit-il en souriant. À Paris, il fallait passer une ou deux heures dans les transports en commun pour m’entraîner, ici je sors de chez moi et je pars courir. » Ce déménagement est un choix stratégique, l’athlète bénéficie dans cette même ville d’une piscine olympique et du Centre de ressources et d’expertise de la performance sportive (CREPS).
En plus des importants moyens techniques à sa disposition, il dispose aussi de formidables moyens humains. « En venant ici, j’ai suivi mon coach Yoann Vincent », souligne Maxime Gayet. Ce dernier a été champion de France de triathlon en 2008, mais il est surtout l’entraîneur de Gwladys Lemoussu, première paratriathlète française à remporter une médaille aux Jeux olympiques. Aujourd’hui, grâce à cet environnement propice, le Polynésien réussit à s’entraîner plus d’une vingtaine d’heures par semaine : natation, course à pied et vélo de route, il ne s’arrête pas.
Un perpétuel apprentissage
La persévérance est une des qualités du sportif de 23 ans. Il a d’abord commencé avec de la course et des compétitions de sprint. Malheureusement, il se blesse au printemps 2021, et on lui diagnostique une périostite tibiale à la jambe gauche. « Je ne pouvais même plus poser le pied par terre », se rappelle l’amateur de trails. Le jeune coureur s’essaie alors au paracyclisme : « Plus du tout d’impact, je pouvais pratiquer sans être contraint par une blessure ou une douleur. C’est un super sport, j’ai découvert du plaisir, de la vitesse, des sensations de liberté. » Dès la première année, il remporte la Coupe de France de paracyclisme. Au regard de ses excellents résultats en course et en vélo, le jeune prodige est contacté par la fédération de triathlon pour passer une sélection. Petit problème : à cette époque, Maxime ne nageait presque pas. « Le défi était lancé », plaisante-t-il. En quatre mois, il perfectionne son crawl. Sans entraîneur, il nage tout seul en se repérant grâce au contraste des carreaux de la piscine.
La maladie de Maxime ne lui permet pas de distinguer nettement ce qu’il voit, il peut repérer les couleurs, les grandes formes et les contrastes, bien qu’il soit très sensible à la lumière. Il est donc limité mais a toujours la capacité de s’entraîner sans guide. Cette particularité le contraignait beaucoup à Paris. « Il fallait courir dans des parcs, je ne pouvais pas me permettre de courir dans les rues, il y avait beaucoup trop de monde », précise-t-il. La ville de Bellerive-sur-Allier lui offre des chemins balisés où il est en sécurité pour courir. Il a gagné en liberté depuis son installation.
« Le paratriathlon apporte du partage et une nouvelle vision du sport »
Une des particularités du paratriathlon est son côté collectif. Il ne s’agit pas d’un sport individuel mais d’une discipline où le para-athlète fait équipe avec un autre athlète valide qui le guide. « Ça apporte du partage et une nouvelle vision du sport », évoque l’espoir français. Trouver un guide n’est cependant pas une chose aisée, il faut que le guide soit meilleur que l’athlète pour être en capacité de l’aiguiller vocalement. Autour de Vichy, de nombreux sportifs prometteurs permettent à Maxime de s’entraîner dans de bonnes conditions. « Je suis arrivé ici et je ne connaissais personne. Depuis plus d’un an, j’ai réussi à former une quinzaine de personnes à la conduite du tandem », se félicite le Bellerivois.
Maxime a encore des rêves plein la tête. Alors qu’en 2024 il est arrivé deuxième de la coupe du monde de paratriathlon et premier de la coupe de France de ski de fond handisport, il s’imagine déjà ramener une médaille aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 puis participer aux Jeux d’hiver dans les Alpes françaises en 2030. De nombreux défis s’imposent à lui, l’entraînement principalement mais aussi la recherche de financements dans une discipline encore méconnue et sous médiatisée. Une chose est sûre, Maxime a transformé sa déficience en véritable « force » qui le pousse à sans cesse repousser ses limites. « La carrière est bien lancée, reste à voir jusqu’où ça va pouvoir me mener », termine-t-il.
Virgile Revelle